Pourquoi toujours cette angoisse
lorsque je t'attend?
Mais mon âme
n'a point de raison...
Elle est sans cesse
au sommet de sa tour
à guetter,
de son Enchanteur,
le retour...
Elle garde en elle
cette appréhension
que jamais plus
tu ne reviennes.
Que tu te lasses
de ta Noble Dame,
et qu'avec toi,
disparaisse l'enchantement.
Peut-être est-ce moi
qui te ferai fuir?
Sans toi,
mon très cher Ami,
les fleurs du Jardin
ne s'ouvriraient plus
pour dire bonjour au Soleil.
Elles ne feraient plus
le Salut à la Lune...
Tu sais bien...
ce jasmin
que l'on a semé ensemble
avec tant, mais tant de plaisir !
Dans ce monde du Rêve
que seulement
quelques âmes soeurs,
voudront, je l'espère,
partager avec nous!
La terre où ces fleurs poussent
deviendrait aride et stérile...
Si tu ne revenais pas,
comment donc, chaque jour,
viendrais-tu l'abreuver
de quelques-uns de tes sourires?
Le puits de mon âme se tarirait
faute de cette pluie bienfaisante.
N'y resterait
que l'écho de mon ennui.
Cet abîme en moi,
que tu auras su combler
d'un seul regard
dans mon coeur,
cet abîme redeviendrait
sombre et ténébreux..
Avec comme seule présence,
la solitude.
Et peut-être,
le fantôme d'un si beau sourire,
souvenir imprégné
à tout jamais...
Mon coin d'univers
de glace se couvrirait.
Sur mes fenêtres,
je retrouverais
ces arabesques familières
que jadis le frimas y dessinait...
Avant que je ne te rencontre,
un jour,
par hasard,
dans une foule insensible
et ignorante du petit miracle
qui se produisait,
celui de nos retrouvailles
dans le Temps!
Du bout des doigts,
je suivrais
tous ces petits sentiers de glace
sur la vitre gelée...
Et la froidure, bien vite,
gagnerait mon coeur
pour le broyer sans pitié
sous le mouvement des glaces
de la Mer des Désolations.
Reviens vite, doux Ami,
ne tarde pas!
Le doute,
encore une fois m'étreint.
Mon coeur
ne sait plus rien.
Que le désarroi
qui grandit en moi,
et son compagnon fidèle,
le Vide...
Reviens vite
avant que l'espace
ne se referme pour m'engloutir!
Mais ne sais-tu pas encore,
Ma Noble Dame,
que je reviens toujours?!